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Îles Cook: un petit État qui fait un grand pas vers la transformation numérique en vue de renforcer le commerce

Posted on jeu, 04 Déc 2025, 13:05

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© Ministère de l’agriculture des Îles Cook

Par Temarama Anguna-Kamana

© Directrice du Ministère de l’agriculture des Îles Cook

Cet article fait partie d’une série de réflexions proposées par des dirigeants qui font évoluer le commerce international grâce à la solution ePhyto de la CIPV.

Pour les petites économies insulaires comme celle des Îles Cook, l’agriculture et le commerce sont deux secteurs vitaux. Nous sommes un petit pays de 14 000 habitants qui dépend fortement des importations, qui se chiffrent à 213 millions d’USD par an. La production locale étant limitée et principalement de subsistance, les importations constituent la majeure partie de notre chaîne d’approvisionnement alimentaire. Dans le même temps, nos volumes d’exportation sont bien plus modestes, pour un montant total de 30 millions d’USD par an, avec notamment la vanille, le taro et le jus de noni.

Lorsque des envois sont retardés à la frontière du fait d’une possible présence d’organismes nuisibles, cela peut avoir des répercussions sur notre économie. C’est pourquoi l’adoption de la solution ePhyto de la CIPV a été bien plus qu’une mise à niveau technique: nous avons fait un choix audacieux en faveur d’une plus grande efficacité commerciale en nous connectant au reste du monde et en élargissant notre accès aux marchés.

En 2022, nous avons adopté la solution ePhyto de la CIPV en utilisant le Système national ePhyto générique (GeNS), car nous n’étions pas en capacité de mettre en place un système informatique national. Le GeNS offrait une solution économique et prête à l’emploi, parfaitement adaptée à nos besoins, à nos ressources et à notre projet. La transition numérique ne s’est pas limitée à adopter une technologie. Ce qui a été déterminant, ça a été d’investir dans la confiance mutuelle et de collaborer avec nos parties prenantes et partenaires.

Nous avons suivi une formation d’intégration avec la CIPV, qui a préparé nos responsables de la biosécurité et notre équipe informatique à la transition de la certification phytosanitaire papier vers le format numérique. Nos parties prenantes (exportateurs, importateurs, transporteurs maritimes/courtiers) ont été associées au processus dès le départ, et leurs observations ont contribué à façonner la conception de nos systèmes. Grâce au soutien technique et financier du Ministère australien de l’agriculture, de la pêche et des forêts (DAFF) et de l’Unité de mise en œuvre de l’accord Pacer Plus, nous avons investi 60 000 NZD dans les équipements informatiques, la formation et les ateliers, sans frais pour les utilisateurs ni coûts opérationnels.

L’ePhyto repose sur une idée relativement simple, mais un grand potentiel transformateur: une meilleure collecte des données, une mainlevée plus rapide, des garanties renforcées contre la fraude et moins de retards. Nos ressources sont limitées et les routes commerciales sont vitales; cette innovation a donc permis de mettre tout le monde sur un pied d’égalité.

Impact: efficacité du commerce et accès aux marchés

Aujourd’hui, les résultats sont tangibles. En 2025, nous avons échangé plus de 2 400 ePhytos, avec une moyenne mensuelle de 60 à 70 certificats, les importations représentant 80 pour cent de l’ensemble des ePhytos traités. D’abord centré sur la Nouvelle-Zélande et l’Australie, le système s’est ouvert à de nouveaux partenaires, comme la France et les États-Unis d’Amérique.

Nous avons pu améliorer notre efficacité opérationnelle en réduisant les coûts de transporteur, d’affranchissement et de gestion administrative liés à la délivrance et à la réception des certificats, ainsi que les délais de traitement et le nombre de réémissions. Nous enregistrons moins de retards d’envois et un moindre risque de surestaries, car la vérification et la mainlevée sont plus rapides. Sans compter les bénéfices environnementaux liés à la réduction de l’utilisation du papier et à une meilleure gestion des dossiers. La possibilité d’émettre des certificats sécurisés et vérifiables renforce la confiance de nos partenaires commerciaux.

En d’autres termes, le commerce est plus fluide, plus sûr et plus intelligent.

La plateforme ePhyto a constitué le point de départ pour la numérisation des autres activités aux frontières et pour une éventuelle intégration avec les systèmes douaniers et de facilitation des échanges. La certification électronique permet aux Îles Cook de satisfaire aux exigences des partenaires commerciaux et de conquérir de nouveaux marchés ou d’en récupérer d’anciens. Dans le même temps, notre leadership régional nous a permis de contribuer au renforcement des capacités dans la région Pacifique, en soutenant d’autres ONPV dans leur transformation numérique. À l’avenir, nous prévoyons de mettre en place des certificats pour les bagages des passagers privés (certificats non commerciaux) et d’utiliser la fonction de facturation électronique pour faciliter les démarches et la collecte des recettes.

Partager notre projet avec d’autres ONPV

Il ne fait aucun doute que la numérisation de la certification phytosanitaire a simplifié les fonctions de base des ONPV.

L’ePhyto permet aux ONPV d’accélérer les échanges. L’amélioration de la qualité des données facilite l’analyse du risque, la planification des inspections et le suivi de la conformité. Le temps de travail économisé par le personnel est réinvesti dans l’inspection au champ, dans les échanges avec les parties prenantes, mais aussi dans le renforcement de la collaboration avec les douanes et les équipes de biosécurité. Sur la base de leur expérience, les Îles Cook émettent les recommandations suivantes, qui peuvent profiter à d’autres pays:

  • Premièrement, réaliser une analyse complète des flux de travail avant la mise en œuvre et revoir la législation pour permettre l’utilisation de l’ePhyto. Idéalement, commencer avec des partenaires commerciaux pilotes afin de tester les transactions de bout en bout avant le déploiement complet. Si possible, garantir une infrastructure adéquate en technologies de l’information et de la communication (TIC) et une connectivité stable, en prévoyant des solutions de secours. Il est essentiel de dispenser une formation spécifique à chaque rôle pour le personnel, les exportateurs et les importateurs, en prévoyant notamment un budget pour financer un poste de responsable de la maintenance, de la formation et de l’appui technique.
  • Deuxièmement, il importe d’obtenir la reconnaissance officielle et juridique des certificats électroniques.
  • Enfin, rejoindre des réseaux régionaux ePhyto pour partager les expériences et bénéficier d’une assistance technique collective permettra à l’ONPV de rester informée des dernières évolutions.

Prochaines étapes

Notre projet est clair: disposer d’un système phytosanitaire résilient, numérique et connecté qui soutient des exportations durables et le commerce régional. Nous souhaitons étendre l’ePhyto à tous les envois, renforcer l’interopérabilité et exploiter l’analyse des données pour éclairer les décisions. La coopération régionale demeure essentielle: nos agents forment désormais des collègues dans tout le Pacifique, favorisant ainsi les progrès communs.

Parmi nos priorités à venir figurent l’optimisation de la plateforme GeNS et le renforcement de la participation des parties prenantes. Un modèle de recouvrement des coûts fondé sur la délivrance des certificats assurera la pérennité du service.

En adoptant l’ePhyto, les Îles Cook ont montré que l’innovation n’a pas de frontières. Il s’agit de bien plus qu’une réussite, c’est un appel à l’action. Les pays qui envisagent d’adopter l’ePhyto doivent savoir que la transformation numérique est possible grâce à la collaboration, à la détermination et à un soutien adapté. Les Îles Cook poursuivent leur démarche d’innovation et sont disposées à partager leur expérience avec d’autres pays.

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